Russie : lancement des travaux de pose du gazoduc Turkish Stream

Par Céline Bayou (sources : Gazeta.ru, RIA Novosti, Rossiïskaïa Gazeta)

Le président russe Vladimir Poutine a donné le coup d’envoi, le 23 juin 2017, de l’installation du gazoduc sous-marin Turkish Stream qui doit à terme relier le sud de la Russie au nord de la Turquie. À bord du monumental navire Pioneering Spirit qui va installer les tubes au fond de la mer Noire, il a assisté à la première jonction entre tubes d’eaux de surface et d’eaux profondes. Les travaux sont réalisés par la société Allseas.

Symboliquement, le Président russe a téléphoné depuis le bateau à son homologue turc, Recep Tayyip Erdoğan, pour l’informer du lancement des travaux. Un accord avait été signé en 2016 entre les deux chefs d’État, après la renonciation russe au projet South Stream, qui devait relier la Russie à la Bulgarie et avait été empêché par l’Union européenne. V.Poutine a précisé que la Russie est prête à acheminer le gaz à travers le territoire turc, jusqu’en Europe du Sud-Est, «si les pays partenaires le souhaitent».

Alexeï Miller, le président de Gazprom, a assuré que les travaux se feraient conformément aux normes environnementales les plus strictes. Et de préciser que le Turkish Stream est un tube nécessaire au marché: la Russie fournit déjà à la Turquie 53% de sa consommation, en augmentation chaque année. L’Europe connait globalement une hausse de sa demande en gaz, a assuré A.Miller. Au cours du premier semestre 2017, la demande aurait crû de 26% en Turquie, de 12% en Grèce, de 14% en Bulgarie, de 31% en Hongrie, de 47% en Serbie et de 77,5% en Autriche. Pioneering Spirit prévoit d’installer entre 3,5 et 5 km de tubes par jour et peut travailler en autonomie de 5 à 7 jours d’affilée. Le gazoduc, composé de deux tubes, fera 937 km de long et acheminera au total 31,5 milliards de m3 par an. La première ligne de tubes devrait pouvoir entrer en opération en 2018, tandis que la seconde (qui acheminera du gaz vers l’Europe) pourrait être opérationnelle en 2019. Pour comparaison, le gazoduc South Stream devait acheminer 63 milliards de m3 de gaz par an en Bulgarie (et jusqu’en Autriche en passant par les Balkans).

En mai 2017, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexeï Mechkov, avait déclaré que Moscou attendait des garanties de l’UE concernant la réalisation du second tube, afin que ne se répète pas l’épisode malheureux du South Stream. Il avait noté que la Russie ne pouvait pas ne pas s’inquiéter des tentatives de certaines instances européennes visant à torpiller des projets énergétiques à participation russe, comme le Nord Stream 2: «Nous attendons des garanties en béton armé de la part de Bruxelles concernant la réalisation du second tube du Turkish Stream».