Après que, le 25 décembre, un nouveau câble (cette fois EstLink 2, câble électrique reliant l’Estonie et la Finlande) a été endommagé sous la mer Baltique par le passage d’un navire qui aurait « malencontreusement » laissé traîner son ancre, la Première ministre lettone Evika Siliņa (Nouvelle unité) s’est prononcée en faveur d’une réponse forte et collective. Eagle S, le navire incriminé (arraisonné par les autorités finlandaises qui mènent l’enquête), battant pavillon des îles Cook, relève de la « flotte fantôme » russe qui, en mer Baltique, participe au contournement des sanctions qui touchent les exportations de pétrole russe.
Dans un entretien accordé à la BBC, la chef du gouvernement letton précise que le mouvement de ces navires en mer Baltique doit être stoppé. Il est vrai que l’exemple du navire arraisonné est révélateur de l’absence de toute retenue de la part de la Russie : non seulement il contribuait à faire sortir de l’essence russe depuis le port de Saint-Pétersbourg (à destination de l’Egypte) mais il se serait livré à cet acte de sabotage et aurait, en outre, été porteur d’équipement d’espionnage peu conforme avec les missions officielles d’un tel cargo. Pour E. Siliņa, cette méthode hybride relève bien de l’arsenal russe qui vise, de la même manière que la crise migratoire organisée de concert avec le Bélarus aux frontières de la Pologne et des pays baltes, à déstabiliser la région.
La Première ministre a souligné que des actions de coordination en vue d’une meilleure surveillance des infrastructures sous-marines étaient en cours d’étude avec l’OTAN, impliquant notamment les deux nouveaux membres que sont la Finlande et la Suède (l’OTAN devrait renforcer sa présence militaire dans la zone). Elle a formulé l’espoir que les prochaines réunions organisées au niveau de l’Union européenne contribuent par ailleurs au renforcement des sanctions à l’encontre de la flotte fantôme russe. L’interception du navire incriminé lui semble une bonne chose, relevant du contrôle du trafic maritime dans une zone sensible. Pour E. Siliņa, il est temps de mettre fin aux mouvements des navires de la flotte fantôme russe dans la mer Baltique.
Le Premier ministre lituanien Gintautas Paluckas a, lui, indiqué que les pays baltes et scandinaves travaillaient sur un plan d’action visant à garantir la sécurité des infrastructures énergétiques, essentiellement par la prévention. De son côté, le ministre estonien de l’Intérieur Lauri Läänemets insiste sur la nécessité de renforcer également la surveillance des infrastructures terrestres.
Le 8 février, les trois pays baltes se déconnecteront du réseau électrique hérité de la période soviétique (BRELL – Bélarus, Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie) pour se connecter au réseau continental européen, ce qui ne plaît évidemment pas à Moscou.
Sources : The Baltic Times, lrt.lt, Postimees.ee, ERR.ee.