Alors que Vilnius est particulièrement allant concernant l’imposition de sanctions à l’encontre de personnalités liées au régime de Minsk, le directeur du port lituanien de Klaipėda Algis Latakas note que les autorités bélarusses pourraient en retour détourner leur trafic au profit de ports lettons (Ventspils et Riga, où transitent déjà des chargements d’engrais) ou russes (Oust-Louga et Saint-Pétersbourg). Cela prendrait du temps, du fait des liaisons ferroviaires existantes et des infrastructures dédiées à Klaipėda, mais la logique politique ne suit pas forcément celle du calcul économique.
Vilnius envisage en effet d’interdire de séjour sur son territoire 118 personnalités bélarusses et, aux côtés de la Pologne mais aussi de la Lettonie et de l’Estonie, est parmi les plus ardents défenseurs d’une action ferme de la part de l’Union européenne à l’encontre du régime d’Aliaksandr Loukachenka.
Parfois qualifié de port officieux du Bélarus, Klaipėda traite annuellement 15,5 millions de tonnes de produits pour le compte du voisin bélarusse. Cela représente 30,2 % de l’activité du port et compte pour la majorité du fret importé et exporté par le Bélarus. La compagnie ferroviaire lituanienne Lietuvos Geležinkeliai est également très impliquée dans ces flux.
Or A. Loukachenka a déclaré le 28 août qu’il pourrait décréter des sanctions à l’encontre de la Pologne et de la Lituanie en réponse à leurs propres sanctions. Il a précisé avoir demandé à son gouvernement d’envisager de rediriger la totalité des flux commerciaux des ports lituaniens vers d’autres installations : « Nous allons leur montrer quelle est leur place », a-t-il conclu.
Pour le moment, le ministre lituanien des Transports Jaroslav Narkevič assure qu’aucune chute du volume traité n’a été constatée à Klaipėda ces dernières semaines mais il note que si une telle évolution devait advenir, elle serait préjudiciable également au peuple bélarusse.
Cette menace intervient alors que tous les ports de la Baltique ont enregistré un net déclin de leurs activités depuis janvier 2020, lié à la crise sanitaire mondiale et, même si Klaipėda reste le port principal de la côte orientale de la Baltique en matière de traitement du fret, il a lui-même subi une chute de 5,5 % sur un an.
Sources : The Baltic Course, The Baltic Times, LRT.lt, BelTa.