Lituanie : lutter contre Daech, mais pas aux côtés de la Russie

Par Céline Bayou (sources : BNS, The Baltic Times, Delfi.lt, ELTA)

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevičius, peine un peu à imaginer son pays entrer dans une coalition anti-Daech aux côtés de la Russie. Le 1er décembre 2015, il a exprimé son soutien aux efforts réalisés afin de lutter contre le terrorisme, les qualifiant de «lutte globale universelle». Mais, «En réalité», a-t-il déclaré, «la Russie est aujourd’hui membre d’une tout autre coalition, qui rassemble le régime de Bachar Al Assad, le groupe terroriste Hezbollah et l’Iran».

Dès lors, même après ses échanges à Bruxelles avec les ministres de la Défense des pays de l’Otan, L.Linkevičius estime qu’il lui paraît difficile d’évoquer un «partenariat» avec la Russie dans de telles conditions. Et de citer les raids aériens effectués par la Russie sur la Syrie depuis octobre 2015, les «1.500 morts en deux mois, dont 30% sont des civils» et le fait que, selon lui, «80% des cibles n’ont rien à voir avec l’État islamique».

Selon le ministre lituanien, Daech pourrait être anéanti sans le soutien de la Russie, mais l’entreprise requerrait une «véritable volonté politique».

Le Président ukrainien Petro Porochenko a félicité assez démonstrativement la Lituanie pour sa posture et son refus de rejoindre une telle coalition aux côtés de la Russie, tant que Moscou ne cessera pas ses agressions à l’encontre de l’Ukraine et de la Géorgie. En visite officielle à Vilnius le 2 décembre, le chef de l’État ukrainien a remercié son homologue lituanien Dalia Grybauskaitė pour sa fermeté à cet égard. Pour modérer son propos, il a précisé que ces postures n’empêchaient pas «une certaine coordination».

La population lituanienne, quant à elle, semble consciente des enjeux actuels. Une étude réalisée début décembre 2015 par l’Institut de sondages Vilmorus montre que 64% des Lituaniens soutiennent le principe de participation de leur pays dans des opérations et des missions internationales et que 8% seulement souhaiteraient que la Lituanie se contente de soutiens financiers à ces opérations. Seulement 23% affirment que leur pays ne devrait pas prendre part à la lutte internationale contre le terrorisme. De toute évidence, ils n’ont pas été interrogés précisément sur l’opportunité de participer à la coalition qu’a tenté de monter le Président français avec la Russie.