Par Céline Bayou (sources : The Baltic Times, Lithuania Tribune, Delfi, Lietuvos Rytas)
Le commissaire européen à la Santé et à la sécurité alimentaire, le Lituanien Vytenis Andriukaitis (membre du Parti social-démocrate lituanien), a fait part au journal Lietuvos Rytas de son mécontentement concernant la politique étrangère menée par son pays.
Selon lui, l’opposition systématique affichée par la Lituanie au sein de l’Union européenne lorsqu’il s’agit des relations avec la Russie finit par être préjudiciable. Pour lui, ceux qui font actuellement la politique étrangère lituanienne sont en train de «se tirer une balle dans le pied».
Le Commissaire reproche aux élites politiques lituaniennes leur ton de confrontation dès qu’il s’agit des relations entre l’Union et la Russie: «Vue de Bruxelles, la politique étrangère lituanienne semble parfois pathétique», estime V.Andriukaitis. «Je ne comprends pas comment certains peuvent critiquer les actions d’autres chefs d’État de l’Union européenne, comme Angela Merkel, François Hollande ou la responsable de la diplomatie européenne Federica Mogherini.» Pour lui, alors que l’UE tente de mettre en œuvre une politique étrangère et de sécurité commune, que chacun travaille dur en ce sens, la Présidente lituanienne est la seule à ne pas tenir cette ligne.
Dalia Grybauskaitė, réputée pour sa fermeté à l’égard de la Russie, est en effet dans le viseur du Commissaire. Il lui reproche de bloquer systématiquement toute tentative de l’UE pour inclure Moscou dans des discussions globales. Et, selon lui, ses gesticulations ne sont qu’à visée interne mais sont préjudiciables au reste de l’Union. Il souhaiterait que les citoyens lituaniens soient éclairés sur cette attitude et sur ses conséquences alors, dit-il, que des accords ont été trouvés ou sont recherchés, sur l’Iran ou sur la Syrie, qui montrent que le monde ne peut pas se passer de la Russie. «Du coup, la question est de savoir, quand l’UE discute avec la Russie à propos de la Syrie ou de l’Ukraine, si elle le fait avec mandat lituanien, puisque nous semblons constamment dérangés par le fait que Moscou n’est pas ignoré!
Pour V.Andriukaitis il serait plus constructif pour les officiels lituaniens de coopérer avec leurs homologues de l’UE pour trouver des solutions plutôt que d’attiser les tensions. «La Lituanie n’a pas des ennemis éternels ou des amis éternels. Il n’y a que des intérêts éternels. C’est pourquoi nous devrions agir de façon à ce que le peuple lituanien soit plus en sécurité et mieux loti.»
Le Commissaire ne nie pas les divergences d’opinion entre l’UE et la Russie mais prône le maintien des échanges afin de résoudre lentement les problèmes, sans renoncer aux principes. Derrière la critique formelle, il souligne aussi le fait que, par son interventionnisme, la Présidente prive le ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevičius (lui aussi membre du Parti social-démocrate lituanien), de ses prérogatives.