La Macédoine du Nord a déposé sa candidature d’adhésion à l’Union européenne le 22 mars 2004, mais il lui a fallu attendre mars 2020 pour obtenir le feu vert à l’ouverture des négociations. Elles furent de courte durée puisque, dès décembre 2020, Sofia a bloqué le processus (l’accord cadre devant être adopté à l’unanimité des 27) à la suite d'un désaccord entre les deux pays sur la question de l'ascendance bulgare des Slaves de Macédoine. En effet, la Bulgarie, pour qui les Macédoniens sont des Bulgares qui s’ignorent, exige que sa voisine reconnaisse l’origine bulgare de la langue macédonienne.
À Bitola, le centre culturel Vancho Mihajlov (du nom d’un révolutionnaire du mouvement de libération nationale bulgare de Macédoine) qui défend la thèse de la bulgarité (caractère et origine bulgare) des Macédoniens, a récemment posté sur les réseaux sociaux que « tout comme Poutine a créé la République populaire de Donetsk et la République populaire de Louhansk dans le Donbass occupé, Tito a créé la République populaire macédonienne dans la patrie (bulgare) occupée ». Les positions du centre ne sont pas du goût des nationalistes macédoniens et ses locaux ont été l'objet d'actes de vandalisme.
Le 16 avril, le Premier ministre bulgare Kiril Petkov, à la tête d'une délégation officielle, a visité le centre culturel et déclaré que la communauté bulgare en Macédoine, au lieu d’être un sujet de tensions, devrait constituer un pont entre les deux pays : l'avenir européen de la Macédoine du Nord serait d’une grande importance pour assurer la sécurité dans les Balkans.
Le ministre macédonien des Affaires étrangères Bujar Osmani a rencontré K. Petkov à cette occasion et lui a rappelé que son pays était favorable à la « proposition portugaise » (une tentative de rapprochement des positions des deux pays, menée lors de la présidence portugaise de l’UE en 2021) afin de résoudre le différend actuel avec la Bulgarie. Selon B. Osmani, des réunions entre les gouvernements des deux pays pourraient améliorer significativement la dynamique des négociations, malgré les divergences de point de vue.
L'exécutif bulgare reste toutefois sur ses gardes. La vice-présidente bulgare Iliana Iotova estime que la reconnaissance des droits des Bulgares de Macédoine était un préalable à toute discussion sur l’adhésion, tout en précisant que son pays n’était lui-même pas prêt à reconnaître en contrepartie l’existence d’une minorité macédonienne sur son sol : « Qui sont ces Macédoniens en Bulgarie, donnez-moi un exemple ? », a-t-elle lancé, sous-entendant que pour elle cette frange de la population n’existait pas ou ne pouvait pas exister.
Sources : Nova Makedonia, Vreme, Telma, A1 on MK.