Nouveau point de situation sur les migrations saisonnières bulgares dans le Moissagais

En décembre 2021, le Centre d’information et de recherches sur les Balkans (CIReB, association de type Loi 1901 sise à Blagnac) a fait part à plusieurs acteurs de la vie moissagaise et à des représentants de la communauté bulgare locale de ses dernières avancées et recherches dans le Moissagais.

Malgré la pandémie, le nombre de familles bulgares originaires du district de Pazardžik ayant séjourné dans le moissagais en 2021 est comparable à celui observé en 2020 : entre 1 600 et 1 800 de ces ressortissants européens ont résidé de manière temporaire ou permanente sur la commune de Moissac au cours des douze derniers mois. Ainsi, les mesures de restriction liées à la Covid-19 n’ont pas eu d’effet significatif et durable sur les chaines migratoires, les opportunités offertes aux ouvriers bulgares par le marché du travail agricole tarn-et-garonnais étant trop fortes pour entraver ces flux. En revanche, les intéressés ont dû s’adapter aux conséquences du gel qui a endommagé la plupart des récoltes arboricoles moissagaises en avril dernier. Ils se sont principalement déplacés dans cette localité au printemps, lors de l’éclaircissage des pommes, puis pour le ramassage et la cueillette des cultures préservées (notamment celle des pommes), y remplaçant parfois la main-d’œuvre polonaise. Celle-ci a en effet déserté les domaines tarn-et-garonnais depuis le début de la pandémie.

Les deux pics de présence des familles bulgares sont survenus de manière inhabituelle en juin, puis en septembre et non en juillet ou en août, cœur habituel de la haute saison agricole. De plus, ces pics furent beaucoup moins élevés qu’à l’accoutumée (à peine 700 individus, quand on en dénombrait 1 400 au cours de la même période en 2020). Enfin, on a observé une forte rotation des membres de la communauté sur l’ensemble de l’année ; certain ont quitté le canton pour tenter leur chance ailleurs, alors que d’autres arrivaient, y cherchant des emplois de saisonniers.

La communauté bulgare de Moissac espère que les prochaines récoltes agricoles souffriront moins des aléas climatiques. La nouvelle année s’annonce déjà plein d’incertitudes pour ces familles fortement opposées à la vaccination contre la Covid-19. Elles s’interrogent en particulier sur les conséquences pour elles de l’éventuelle imposition, en janvier 2022, d’un passe vaccinal pour travailler dans les domaines agricoles. Elles sont également très perturbées par l’arrêt de leur accompagnement social par l’antenne de l’association Escale Confluences depuis septembre 2021 ; même si une partie des familles est réorienté vers la Maison des Solidarités pour poursuivre ce suivi, cette interruption de l’accompagnement associatif pourrait favoriser la réémergence de réseaux de commissionnaires, toujours prompts à exploiter la vulnérabilité de leurs compatriotes et à répondre à leurs besoins contre rémunération.

Sources : CIReB (Rapport n° 6), entretiens avec des Moissagais et des membres de la communauté bulgare de Moissac.