Marquées par des queues interminables d’électeurs, dont les derniers ont voté vers 3h du matin, les élections législatives du 15 octobre 2023 auraient mobilisé les Polonais plus encore que celles de juin 1989. Le décompte des voix est toujours en cours, ce qui ne permet pas encore de déterminer le taux exact de participation mais, comme le souligne Sylwester Marciniak, président de la Commission électorale nationale, « tout indique qu'il s'agira du plus fort taux de participation dans l'histoire de la Troisième République polonaise ». Selon un sondage Ipsos, ce taux serait de 72,9 % - il avait été de 62,7 % en 1989. Il résulterait notamment d’une participation accrue des jeunes électeurs et bénéficierait surtout à l’opposition : selon les sondages, parmi les personnes qui n’avaient pas voté en 2019 et se sont rendues aux urnes en 2023, 31 % aurait choisi la Coalition civique, alliance libérale-démocrate formée notamment par la Plateforme civique de Donald Tusk, par les Verts et, depuis août 2023, par le mouvement agricole AgroUnia.
En l’absence de résultats définitifs, selon les sondages de sortie des urnes et les premières remontées partielles de la Commission électorale, le parti de droite conservatrice et eurosceptique Droit et Justice (PiS) arriverait certes en tête (entre 36,6 et 40 %) mais sans obtenir la majorité à la Diète. Il serait suivi par trois formations d’opposition pro-européenne, dont deux formations de centre-droit, la Coalition civique (entre 26 et 31 %) et la Troisième voie (principale surprise de ces élections, avec plus de 13 %, grâce à l’alliance entre le parti Pologne 2050 affilié au groupe européen Renew et le parti agrarien PSL), et une formation de gauche, la Nouvelle Gauche (entre 8 % et 8,5 %).
Lors de leurs prises de parole respectives le 15 octobre au soir, les dirigeants de ces trois formations se sont félicités d’avoir remporté les élections en mettant un terme à « l’ère du PiS » et en scellant le retour de la Pologne au cœur de l’Europe.
La presse polonaise s’intéresse désormais de plus près à la nouvelle formation de la Troisième voie et à son programme, fait à la fois de baisses d’impôts, de retour au travail le dimanche et de maintien des dépenses d’armement, dont 50 % devraient être consacrées aux achats d’armement aux entreprises polonaises et 50 % aux entreprises étrangères.
Les dirigeants du parti d’extrême droite Confédération (entre 6 et 7,4 %) n’ont quant à eux pas caché leur déception, admettant publiquement leur échec à faire obstacle « au PiS et à Tusk », avec lesquels ils ont écarté tout projet de former une coalition.
Le PiS, quant à lui, se félicite d’arriver en tête aux élections législatives pour la troisième fois, fait inédit dans l’histoire de la démocratie polonaise, marquée par une grande volatilité électorale. C’est le message de victoire répété par les dirigeants du PiS et relayé par les média publics qui leurs sont affiliés. En revanche, en l’absence de décompte exact, les dirigeants du parti se refusent à identifier tout partenaire de coalition.
Sources : Tvp.info, Rzeczpospolita, Onet.pl, Polsatnews.pl, Wyborcza.pl, Business Insider.