Regain de tensions dans les relations serbo-kosovares

Stéphan Altasserre (sources : Slobodna bosna, 24 Sata, National Public Radio)

Le 14 janvier 2017, pour la première fois depuis le début de la guerre d’indépendance du Kosovo (6 mars 1998), un train en partance de Serbie devait rejoindre l’enclave serbe de Kosovska Mitrovica dans le nord du Kosovo, pays d’ethnie majoritairement albanaise. L’événement aurait pu donner l’illusion d’un apaisement des tensions ethniques et politiques régionales. Cependant, à son arrivée à leur frontière, les autorités kosovares n’ont que modérément apprécié le slogan qui recouvrait les parois extérieures du convoi: «Kosovo is Serbia.» À cette provocation s’ajoutait le fait que les wagons étaient peints aux couleurs officielles de la Serbie, leur donnant un aspect jugé impérialiste. Aussi le train n’est-il pas allé plus loin.

Certains nationalistes serbes ont aussitôt dénoncé la décision prise par les autorités kosovares. Le 16 janvier, Miroslav Lazanski, député du Parti progressiste serbe (SNS) appartenant à la majorité au pouvoir à Belgrade, a tenu des propos particulièrement cinglants à leur égard: «Si les Albanais provoquent à nouveau la violence au Kosovo» ou «tentent de nouveaux nettoyages ethniques, la Serbie devra immédiatement répondre en prenant le nord du Kosovo.» Malgré ces déclarations, aucun acte de violence particulier à l’égard des Serbes de l’enclave n’a été depuis recensé. Envisager une intervention militaire rappelle pourtant un passé pas si lointain, celui de la guerre d’indépendance du pays (1998-1999) au cours de laquelle 13 à 14.000 personnes ont disparu.

Comme le rappelle cette affaire, plus de dix-huit ans après la fin de ce conflit, le calme n’est pas totalement revenu dans cette région des Balkans où le discours nationaliste reste de rigueur. Les relations serbo-kosovares ne semblent pas encore bénéficier de la sérénité nécessaire à une véritable normalisation.