République tchèque : accueillir des migrants, protéger Schengen

Par Céline Bayou (sources : Prague Monitor, ČTK)

Le 24 janvier 2016 arriveront à Prague 27 réfugiés chrétiens d’Irak. Ils seront orientés vers le centre de loisirs de Jihlava, en Moravie du Sud, où ils resteront quelques mois pour y apprendre le tchèque. D’après Jan Talafant, responsable de la fondation Génération 21, ils devraient obtenir le statut de demandeurs d’asile sans difficulté puisqu’ils ont déjà passé un entretien avec les services tchèques de sécurité et que le gouvernement tchèque s’est engagé en décembre à les recevoir. Génération 21, qui est à l’origine de leur venue, les assistera dans leur intégration.

Ce premier groupe se compose de six familles. La moyenne d’âge y est de 20 ans, la personne la plus âgée ayant 68 ans et la plus jeune 1 mois. Les femmes composent un tiers du groupe et la moitié des hommes sont diplômés de l’université. Ce groupe devrait être suivi d’autres: la Fondation prévoit en effet de faire venir d’ici mars 37 familles chrétiennes, soit 153 réfugiés. Après leur passage au centre de Jihlava, les réfugiés auront la possibilité de chercher un emploi dans tout le pays et Génération 21 doit les assister dans leurs démarches. La totalité du projet coûtera 15 millions de couronnes, qui viennent exclusivement de donateurs privés. Cet argent couvrira les frais courants (logement, nourriture, etc.) ainsi que les cours de langue pendant un an.

En 2015, le gouvernement tchèque s’est engagé à accueillir 1.500 réfugiés d’ici la fin de 2017. Parmi eux, 1.100 devraient venir des pays européens les plus fortement touchés par l’afflux de migrants (Italie et Grèce) et 400 directement de camps de réfugiés du Moyen-Orient. Outre cet engagement, le pays devrait recevoir 1.591 migrants au titre des quotas décidés par l’Union européenne.

Inquiet de la crise qui touche essentiellement le sud de l’Europe, le gouvernement tchèque a précisé à la mi-janvier 2016 que la police va continuer ses patrouilles le long de la frontière du pays avec l’Autriche. Depuis que ces vérifications se sont intensifiées, la police tchèque a intercepté en quelques mois plus de 3.300 personnes à cette frontière. Actuellement, les services de police se focalisent sur les six points de passage avec l’Autriche mais n’en délaissent pas pour autant les autres passages. Au cours des 11 mois de 2015, la police a intercepté au total 8.175 étrangers en situation irrégulière.

Par ailleurs, le 19 janvier, les ministre tchèque, slovaque, hongrois et polonais de l’Intérieur se rencontreront à Prague afin de discuter de cette crise des migrants avec des représentants des pays balkaniques concernés (notamment la Macédoine). Ils devraient évoquer notamment la question des «hotspots», ces centres de rétention pour réfugiés dont la création a été décidé en juin 2015 à Bruxelles. Le retard pris dans l’installation de ces centres ne laisse pas d’inquiéter les pays. En outre, il est probable qu’ils évoqueront la question des quotas, puisque les quatre pays d’Europe centrale ont rejeté ce principe, perçu comme un véritable «non-sens».

La République tchèque a décidé d’envoyer 25 policiers et de donner 20 millions de couronnes à la Macédoine afin de l’aider à faire face à l’afflux massif de migrants. Le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanek, attend de ses interlocuteurs macédoniens qu’ils expirment leurs besoins afin que Prague puisse les soutenir. Pour le ministre, c’est la seule solution pour protéger les frontières extérieures de l’UE: «Nous devons clairement dire que la zone Schengen n’est pas perméable et qu’elle n’est pas une passoire», a-t-il déclaré.