Le 11 avril 2022, l’artiste et activiste pétersbourgeoise Alexandra Skotchilenko a été arrêtée et placée en détention provisoire pour avoir, le 31 mars, remplacé quelques étiquettes de prix dans un supermarché de Saint-Pétersbourg par d’autres petites étiquettes, donnant des informations sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie et, notamment, le bombardement du théâtre de Marioupol le 16 mars par les forces armées russes.
Au titre de l’article du Code pénal russe introduit en mars 2022 qui interdit la diffusion publique de « fausses informations », la jeune femme encourt dix à quinze ans de prison. Atteinte de la maladie coéliaque (intolérance au gluten), elle ne bénéficie d’aucun aménagement et doit de ce fait souvent renoncer à s’alimenter.
Le 19 mars 2023, la police de Moscou a dispersé un rassemblement organisé à l’Otkrytoe Prostranstvo (Open Space) où devaient être présentées trois bandes dessinées réalisées par S. Skotchilenko et publiées par un groupe de soutien aux artistes arrêtés depuis 2022. Son Livre sur la dépression, notamment, devait être mis en avant. Sacha Skotchilenko, atteinte de troubles bipolaires, s’est en effet engagée en faveur du traitement des maladies mentales, sujet encore largement tabou en Russie.
Or, une heure et demie après le lancement de l’événement, la police municipale a fait évacuer la salle, plaquant au passage au sol deux des participants. Le thème du rassemblement ne portait pourtant pas sur l’arrestation de Sacha Skotchilenko ou sur sa position concernant la guerre, mais bien sur son travail artistique.
Si la défense demande depuis des mois que l’affaire Skotchilenko soit renvoyée devant le Parquet en raison de l’état de santé de la jeune femme (elle souffre en outre d’insuffisance cardiaque), le tribunal a opposé le 20 janvier une fin de non-recevoir, refusant la demande d’assignation à résidence de l’artiste.
Sources : The Insider.ru, Skochilenko.ru, Amnesty.org, Nexta.tv.