Le 5 janvier, le Kremlin a publié un communiqué annonçant les premiers pas d’une coopération avec l’Allemagne pour la production conjointe de vaccins contre la Covid-19. On peut s’en étonner, alors que le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, s’est préalablement dit dubitatif quant à la fiabilité du vaccin russe Spoutnik V.
Les enjeux de communication stratégique sont à l’œuvre sur le continent européen au sujet des vaccins et la compétition faite rage. C’est ainsi, par exemple, que l’UE a sécurisé un plan de 70 M€ pour l’accès rapide à la vaccination dans les Balkans occidentaux, région où la Chine et la Russie avaient su s’illustrer comme les meilleurs alliés de la région au printemps 2020 grâce à la livraison de matériel médical. En revanche, Bruxelles n’a pour le moment pas développé de stratégie spécifique à l’égard des pays du Partenariat oriental, pourtant en proie à de graves crises, politiques et sanitaires. C’est pour combler ce manque que 13 pays membres de l’UE ont appelé, le 6 janvier, à la mise en œuvre d’un programme spécifique pour ces six pays où Spoutnik V connaît encore une popularité très limitée.
Le gouvernement moldave sortant n’ayant pu sécuriser une offre concrète malgré de précédentes annonces de coopération avec la Russie, la nouvelle présidente Maia Sandu a trouvé en toute fin d’année le soutien de la Roumanie pour la mise à disposition rapide de 200 000 doses de vaccin, en attendant les injections promises au printemps 2021 par le dispositif international COVAX.
L’Arménie, elle aussi dans l’attente de son dû printanier de la plateforme COVAX et en proie à une crise politique aiguë annonçant des élections anticipées en 2021, s’orienterait en faveur du Britannique AstraZeneca pour assurer une vaccination de masse rapide, en dépit des offres russes et malgré l’inoculation médiatisée, en décembre 2020, du ministre de la Santé au sérum russe.
La Géorgie, où a été récemment identifiée la variante ultra-contagieuse B.1.1.7 du virus, a choisi d’entreprendre des négociations avec plusieurs producteurs internationaux, à l’image de l’Ukraine et de l’Azerbaïdjan qui n’ont pas exclu la Russie de leur liste. Malgré l’annonce, en décembre, de négociations avec les producteurs de Spoutnik V, cette question n’a pas été à l’ordre du jour de la récente rencontre entre le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et le vice Premier ministre russe Alexei Overtchouk.
Le Belarus a été le premier à homologuer et inoculer Spoutnik V, dont la campagne de vaccination a été mise en avant par le Fonds d’investissement direct russe, qui finance le vaccin. Le Fonds soutient également le complexe pharmaceutique kazakh de Karaganda pour la production du vaccin en Asie centrale, en coopération avec l’Institut russe Gamaleya. Le Belarus pourrait se voir offrir le même projet de délocalisation de production du Spoutnik V, qui a récemment déjà trouvé une nouvelle clientèle latino-américaine auprès de l’Argentine et la Bolivie.
Sources : Kremlin.ru, Commission européenne, Euractiv, Agora.md, oc-media.org, fip.am, rdif.ru, azertag.az.