Russie : la France augmente ses importations de GNL

Malgré les sanctions imposées à la Russie, la France a considérablement augmenté ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, soulignant une divergence dans les politiques énergétiques de l’Union européenne : alors que les restrictions européennes ciblent principalement le pétrole, le gaz, notamment sous sa forme liquéfiée, échappe en grande partie aux sanctions, permettant à la Russie de maintenir une présence sur le marché européen.

Transportable par voie maritime, le GNL permet en outre à la Russie de continuer ses exportations vers l’Europe malgré le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2. La France, en particulier, a plus que doublé ses importations de GNL russe au cours du premier semestre 2024, atteignant près de 4,4 milliards de m3, contre 2 milliards sur la même période en 2023. Comparativement, les principaux importateurs européens de GNL russe, l’Espagne et la Belgique, ont procédé respectivement à une hausse de 1 % et une baisse de 16 %.

Cette augmentation significative par la France s’explique par plusieurs facteurs, le principal étant le prix très compétitif du GNL russe, qui rivalise aisément avec celui de son concurrent américain. De plus, l’indisponibilité des gazoducs coïncide avec l’abandon progressif des fournisseurs traditionnels par la France, tandis que les troubles en mer Rouge perturbent le trafic via le canal de Suez et donc l’importation de GNL qatari. La Russie utilise principalement la route maritime du Nord pour exporter son GNL vers l’Europe. Le géant français TotalEnergies joue un rôle central dans ces importations, ayant signé en 2018 un contrat pour l’achat de 4 millions de tonnes de gaz par an via Yamal LNG dans l’Arctique russe, société mixte dont la firme française détient 20 %. TotalEnergies a confirmé qu’elle honorera ses contrats tant que les gouvernements européens n’imposeront pas de sanctions explicites sur le gaz russe.

Cette situation suscite néanmoins des critiques, notamment de la part de l’ONG ukrainienne Razom We Stand, qui milite pour un durcissement des sanctions contre les hydrocarbures russes. Oleh Savytskyi, l’un de ses fondateurs, a dénoncé cette dépendance continue au gaz russe, affirmant que les profits réalisés par la Russie dans ce secteur compensent largement les pertes subies dans le secteur pétrolier, affaiblissant ainsi l’efficacité des sanctions européennes.

Les gouvernements européens, pour leur part, restent prudents, alors que les atouts du GNL russe ne peuvent être occultés. Tant que les pays européens n’opèreront pas leur transition énergétique verte et continueront de dépendre du gaz, le GNL russe restera en effet une option incontournable. Ainsi, malgré les appels à une interdiction totale, les importations françaises de GNL russe continuent de croître, illustrant les défis auxquels l’Europe est confrontée dans sa transition énergétique et sa politique de sanctions.

Sources : Euronews, Consilium.europa.eu, RFI.