En novembre 2024, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak avait proposé à la Chine de lui vendre jusqu’à 45Mds de m3 de gaz par an qui transiterait par le Kazakhstan. Mais l’ambassadeur de Chine à Moscou a jugé ce projet trop onéreux et l’a retoqué sans appel : Zhang Hanhui a jugé le 15 avril que cette option via le Kazakhstan nécessiterait l’installation d’un nouveau tube, ce qui serait d’un coût excessif.
La proposition d’A. Novak était intervenue peu après l’échec des négociations avec Pékin sur le doublement de Force de Sibérie (dont la capacité annuelle est de 38Mds de m3), projet porté depuis 2022 par le président russe Vladimir Poutine et visant à amener la capacité d’exportation de gaz russe vers la Chine à 100Mds de m3 par an à terme. Il s’agit pour Moscou de compenser partiellement la perte du marché européen : de fait, à ce stade, la Chine n’absorbe que 15 % du volume de gaz que la Russie fournissait aux pays de l’Union européenne jusqu’en 2022.
Force de Sibérie fonctionne actuellement presque à plein régime (en 2024, le tube a acheminé 31Mds de m3) et, malgré les annonces d’un « partenariat sans limite » entre les deux pays, les discussions portant sur la création de Force de Sibérie 2 avaient achoppé semble-t-il sur le prix : Pékin exigerait d’acheter le gaz au prix du marché intérieur russe, d’environ 60$/1 000m3, à savoir un quart du prix actuellement payé par la Chine pour le gaz transporté par Force de Sibérie 1.
Alors que Moscou s’efforce d’afficher ses « nouveaux horizons » et de s’ancrer sur de nouveaux marché, la façon dont la Chine vient de lui signifier son refus peut être interprétée comme une humiliation diplomatique : le média Charter97 souligne que, cette fois, Pékin n’a pas même tenté de sauver les apparences de la politesse, signifiant à la Russie qu’elle doit être un fournisseur de biens jugés rentables et bon marché pour la Chine, ni plus ni moins.
Sources : Charter97.org, The Moscow Times, Interfax.