Depuis plus de cinq mois, les majorités présidentielle et gouvernementale font face à une forte contestation menée par le milieu étudiant et dénonçant la corruption du régime. Ce mouvement fait suite à l’effondrement d’une partie de l’auvent de la gare de Novi Sad le 1er novembre 2024 qui avait causé la mort de 16 personnes, une catastrophe nationale qui a choqué une partie de l’opinion publique.
Point d’orgue de cette contestation, le 15 mars, entre 275 000 et 325 000 personnes selon des sources indépendantes (et 107 000 personnes selon les autorités) ont emprunté les rues du centre-ville de la capitale pour rejoindre la place Slavija.
Face à cette forte mobilisation, Aleksandar Vučić et sa majorité ont organisé un rassemblement baptisé « Nous n’abandonnerons pas la Serbie » à Belgrade le samedi 12 avril afin de montrer que de nombreux citoyens les soutiennent encore. Malgré les relais et le déplacement de Serbes vivant hors des frontières, l’action n’a rassemblé qu’environ 55 000 participants.
Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de l’évènement, A. Vučić a déclaré qu’il ne cèderait pas face au mouvement de protestation. Il a indiqué vouloir « sauver » la Serbie des forces qui tentent de la « détruire » et a demandé au ministère public de mettre tout en œuvre pour rétablir l’ordre et la paix dans le pays. Oliver Tošković, professeur à la Faculté de philosophie, a qualifié de « surréaliste » la demande du chef de l’État aux procureurs, car elle constitue selon lui une violation flagrante de la Constitution, le parquet étant censé jouir d’une forme d’indépendance. Pour l’enseignant, la répression de la contestation va probablement s’intensifier au cours des prochaines semaines.
Lors de sa prise de parole, A. Vučić a également vivement critiqué la RTS (Radio-télévision de Serbie), qu’il a décrite comme partisane et en faveur du mouvement de contestation.
Sources : Danas, N1, Jurnalul National.