Pour la première fois depuis l’automne 2022, lorsque sa cote de popularité avait brutalement perdu 5 points de pourcentage en une semaine au moment de l’annonce de la mobilisation, Vladimir Poutine a vu son taux d’approbation dans le pays perdre 4 points de pourcentage dans la semaine du 29 juin au 6 juillet, passant de 83 % à 79 %. Le taux de confiance accordée à sa personne est passé de 82 % à 78 %. Le taux d’approbation du gouvernement, lui, est passé de 57 à 52 %, son score le plus faible depuis le début de l’année. La part de ceux qui jugent négativement le travail du Premier ministre Mikhail Michoustine a atteint son plus haut niveau depuis décembre 2024, avec 13 % de mécontents.
L’enquête réalisée par le Fonds « Opinion publique » (FOM) explique cette chute par la conjonction d’une hausse record des tarifs des services publics, des coupures massives d’Internet, des difficultés de paiements par carte, des perturbations dans le transport aérien et de la fin des espoirs de voir la Russie conclure un accord sur l’Ukraine avec les États-Unis. Vladislav Inozemtsev, expert du Centre européen d’analyse et de stratégie, souligne que, depuis le 1er juillet, les prix des services publics ont augmenté de 13,4 % en moyenne, un record depuis dix ans et marqué par de fortes disparités régionales : si on constate une hausse de 15 % à Moscou, elle atteint 18,3 % dans son oblast, 19,8 % dans le bassin de Kouznetsk, 20 % dans la région d’Arkhangelsk, 21 % dans le kraï de Perm et 38 % dans la région d’Ijevsk.
Selon V. Inozemtsev, la population russe commencerait à comprendre qu’il ne s’agit pas de simples « facteurs objectifs » mais bien d’une des conséquences de la guerre, qui atteint leur quotidien. Cette hausse est bien supérieure au rythme de l’inflation et les Russes auraient le sentiment que les autorités leur soutirent leurs moyens sans aucun état d’âme.
Le politiste Abbas Gallyamov (ex-plume de Poutine) estime que cette hausse des tarifs est un révélateur auprès de la population de l’incapacité du pays à soutenir plus avant le fardeau de la guerre. Pour lui, si la cote de popularité du Président commence à (relativement) s’éroder, c’est parce que les Russes se sentent trompés : le différend entre V. Poutine et Donald Trump vient de doucher leurs espoirs de voir une fin à « l’opération militaire spéciale » lancée par le Kremlin il y a trois ans et demi maintenant en Ukraine : « Ils ont compris qu’aucune issue n’était envisageable », note A. Gallyamov.
Sources : The Moscow Times, media.fom.ru.