Serbie : le grand défilé militaire du 15 septembre passe mal

Depuis plusieurs mois, l’exécutif serbe est contesté dans la rue et ne parvient pas à retrouver une forme de légitimité auprès de la majorité de l’opinion publique. Le 27 avril, Aleksandar Vučić a annoncé l’organisation d’un grand défilé militaire le 15 septembre, l’objectif étant que « les gens voient leur armée et son équipement » mais aussi que l’événement soit « de loin le plus grand de l’histoire des Balkans occidentaux et beaucoup plus grand, plus riche et plus coûteux » que les derniers défilés. Selon l’analyste Vlade Radulović, spécialiste de la politique de défense, c’est « une bonne occasion [pour A. Vučić, chef des armées] de gagner des points » auprès de l’électorat serbe, car l’institution militaire bénéficie encore d’une grande popularité au sein de la population ; ce type d’évènement véhicule « une émotion particulière » chez les spectateurs.

Cette annonce a néanmoins suscité de nombreuses critiques, notamment de la part de ceux qui pensent que le budget pourrait être mieux employé. L’ancien chef de la Direction des relations publiques de l’armée serbe, Petar Bošković, rend le Président responsable du manque d’investissements dans l’amélioration des conditions de travail et de rémunération des effectifs militaires, ce qui a conduit bon nombre de personnels à quitter l’armée. La décision la plus absurde est, selon lui, le traitement salarial des officiers des Forces spéciales, qui perçoivent un salaire supérieur à celui des généraux.

Ainsi, le défilé serait également le moyen de masquer la réalité de la situation des Forces armées, en les montrant plus puissantes qu’elles ne sont. Le secrétaire international du Parti de la liberté et de la justice, Konstantin Samofalov, estime que le chef de l’État fait de tout ce qui relève la Défense une « mascarade » et que ce défilé s’apparentera à des jeux organisés dans les arènes pour le peuple. Il le déplore, car « l’armée est aujourd’hui une institution négligée, que le personnel quitte et, pire encore, où presque personne ne veut travailler ». Quant au député Dušan Radosavjević, vice-président du POKS (Mouvement pour la restauration du royaume de Serbie), il préconise à A. Vučić d’annuler le défilé et d’utiliser le budget dédié à l’évènement pour améliorer la situation matérielle des effectifs de l’armée serbe.

En marge de son annonce, le chef de l’État a précisé qu’il avait décidé d’augmenter à hauteur de 120 % la dotation en munitions pour les armes légères et souhaitait créer au cours des prochaines années un service militaire renforcé, semblable à celui qui prévaut en Israël, mais de plus courte durée.

Sources : Danas, Vreme, Kurir.