Au cours des dernières décennies et pour améliorer leur niveau de vie, plusieurs dizaines de milliers de travailleurs serbes ont émigré en Allemagne et ailleurs en Europe occidentale. Cette hémorragie de main-d’œuvre ne cesse de s’accroître et les dirigeants serbes craignent qu’elle augmente encore en raison du doublement annuel par les autorités allemandes du nombre de visas de travail accordés aux ressortissants originaires des Balkans occidentaux à partir du 1er juin 2024 (50 000 autorisations).
Cette crainte serait infondée, selon Mihail Arandarenko, professeur à la Faculté d'économie de Belgrade, pour qui les expatriés ont pu déjà aller travailler en Allemagne de différentes manières. Cette augmentation du nombre de visas de travail ne modifierait donc pas significativement la situation. En 2023, 20 000 Serbes avaient obtenu cette autorisation en Allemagne.
Pour contrebalancer les départs d’actifs, l’exécutif serbe, pourtant composés de nationalistes, a annoncé le 17 mai que l’économie nationale devrait faire appel à des travailleurs étrangers. Le ministre de la Construction Goran Vesić a indiqué qu’un grand nombre de projets d’infrastructure ne pourraient être réalisés qu’avec l’aide de cette force de travail. Le président serbe Aleksandar Vučić a d’ailleurs enfoncé le clou : « À l’avenir, nous devrons importer autant que possible de la main-d’œuvre en provenance de toutes les régions du monde, si nous voulons préserver notre économie et son taux de croissance, voire progresser plus rapidement. » En 2023, le ministère du Travail et de l’Emploi, et en particulier le Service national de l’Emploi, a déjà délivré un total de 50 397 permis de travail à des ressortissants étrangers, soit 43 % de plus qu’en 2022 et 113 % de plus qu'en 2021. D’ores et déjà, l’hôtellerie et le tourisme dépendent totalement de cette main-d’œuvre étrangère. L’accroissement de l’immigration économique est donc devenu une nécessité pour l’économie serbe.
Sources : N1, Danas.