Ukraine : retour de la production de coton à des fins militaires?

La nitrocellulose extraite du coton est utilisée dans la confection de poudre, produit nécessaire à la fabrication de munitions. En dépit des sanctions, des pays occidentaux comme les États-Unis ou l’Allemagne continuent d’ailleurs d’en vendre à la Russie, même si celle-ci s’appuie essentiellement sur le coton d’Asie centrale, principalement du Kazakhstan et d’Ouzbékistan dont les exportations vers l’ancienne métropole ont plus que doublé entre 2021 et 2022.

Les Ukrainiens, eux, tentent de réintroduire la culture du coton sur le territoire national. Quasiment interrompue en 1956, au profit des républiques soviétiques d’Asie centrale (l’Ukraine ayant de plus faibles rendements et moins de main-d’œuvre), la culture du coton ukrainien s’est toutefois maintenue en Crimée et dans la région de Kherson, du fait des températures élevées requises pour la production de cette ressource. Une loi adoptée au printemps 2024 améliore le cadre juridique de la culture de coton en Ukraine, notamment en autorisant de nouvelles variétés et en s’alignant sur les standards de l’UE. Cette culture, utile également aux industries pharmaceutique, chimique et agro-alimentaire, est désormais réintroduite en Bessarabie, dans la région d’Odessa.

Seule la culture du coton est assurée sur place, sa transformation en nitrocellulose voire en poudre ne pouvant être envisagée actuellement dans le pays en raison des risques inhérents à l’état de guerre. Kyiv prône donc l’installation d’usines dans les pays voisins, comme la Roumanie ou la Bulgarie, reliés facilement par le Danube depuis la région d’Odessa.

La poudre diffère si elle doit être utilisée pour des munitions de calibres otaniens ou de calibres soviétiques. La production de poudre compatible avec les calibres soviétiques est concentrée dans les pays de l’ex-URSS, dont certains soutiennent la Russie ou, du moins, ne souhaitent pas se confronter à elle. L’achat de poudre est en outre rendu difficile par les clauses d’exclusivité qui lient producteurs de poudre et producteurs de munitions. Plus de 70 % des usines européennes de poudre importent leur nitrocellulose de Chine.

 

Sources : Ukraïnska Pravda, Ukrinform, KyivPost.