Zahari Karabachliev, nostalgique d’une Bulgarie forte et non vassale de Moscou

L’écrivain bulgare Zahari Karabachliev a étudié et vécu aux Etats-Unis, avant de revenir en Bulgarie où il est à la tête des éditions Ciela. Alors qu’une partie de l’opinion publique bulgare se montre encore très russophile malgré la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, le 5 septembre 2023, l’auteur a publié sur sa page Facebook un éditorial pour déclarer sa nostalgie d’une « Bulgarie oubliée depuis longtemps, différente et autrefois forte », un pays qui n’était alors pas le « vassal » de l’URSS/Russie.

Le texte a été relayé le même jour par des rédactions de la presse nationale telles que 24 Chasa et Mediapool. L’écrivain fait notamment référence aux 34 ans d’histoire s’étant écoulés entre 1878 et 1912 (avant la guerre des Balkans), lorsque son pays a connu une « renaissance nationale sans précédent, dépassant statistiquement tous ses voisins par le nombre d’écoles primaires, en matière d’alphabétisation et d’éducation, utilisant l’armée pour éduquer de simples paysans… devenant le pays le plus jeune et le plus instruit de la région, le tout à un rythme accéléré et en essayant de dépasser la malédiction de Levski [héro historique] et de trouver sa place parmi les "peuples européens" ». Il rappelle également dans ces quelques lignes que la Bulgarie a déclaré son indépendance en 1908 et que, en septembre 1916, elle a « libéré sa Dobroudja natale [région du Nord-Est, grenier à blé du pays] des Roumains et des Russes ». Cette date a été effacée par la doctrine soviétique qui a mis en valeur celle du 9 septembre 1944 (renversement du gouvernement pro nazi) comme celle de la libération de la Bulgarie. C’est ainsi que la ville de Dobritch avait été rebaptisée Tolboukhine, du nom d’un maréchal soviétique : il fallait effacer de la conscience nationale chacune des victoires de la Bulgarie non socialiste.

Les batailles glorieuses (comme celle de la forteresse de Tutrakan, du 4 au 6 septembre 1916, lorsque les Bulgares capturèrent près de 28 000 soldats ennemis et leur artillerie, lui semblent aujourd’hui méconnues des nouvelles générations. De cet oubli, l’écrivain accuse les « 45 ans de propagande et d’éducation communistes », qui ont encore des effets sur les savoirs transmis aujourd’hui et dont la principale conséquence est, pour ses compatriotes, « l’ignorance de leur propre histoire ».

Le lecteur peut aisément en déduire que la solution à ce mal réside dans la modification des mantras de l’éducation nationale bulgare qui doit apprendre aux nouvelles générations les victoires militaires et les succès politiques de la Bulgarie afin de mettre fin à des décennies de complexe d’infériorité.

Sources : 24 Chasa Mediapool Facebook.