Bosnie-Herzégovine : l’avenir inquiétant du pays

Depuis plusieurs mois, les nationalistes serbes de la République de Bosnie, pro-Kremlin, déclarent souhaiter l’indépendance de leur entité, qui est partie intégrante de la Bosnie-Herzégovine (BiH). Le niveau de tensions avec le Bureau du Haut Représentant (fondé par l’accord de Dayton et soutenu par Washington et Bruxelles) est de ce fait préoccupant.

Le 30 avril 2024, une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU a été convoquée à la demande de la représentante serbe à la présidence bosnienne, Željka Cvijanović, et de la Fédération de Russie pour qui la BiH « serait en proie à l’instabilité ». Le Haut Représentant Christian Schmidt a, lui, estimé qu’on pouvait éviter l’instabilité politique en respectant l’accord de paix de Dayton et si la Bosnie-Herzégovine prenait le chemin de l’adhésion à l’Union européenne.

Réagissant à ce discours le 1er mai, l’analyste politique Dusan Janjic, fondateur du Forum pour les relations ethniques, s’étonnant de ce revirement et rappelant qu’au cours des deux dernières années C. Schmidt s’était souvent montré pessimiste sur les perspectives sécuritaires en Bosnie-Herzégovine. L’expert estime que les tensions actuelles en BiH invitaient à se montrer plus prudent, voire pessimiste.

Dusan Janjic craint « que la situation en Bosnie-Herzégovine s’aggrave et se transforme en conflit localisé », d’abord entre paramilitaires, puis entre civils. Il y aurait lieu de se méfier de l’implication de Moscou dans les Balkans, car l’intérêt de la Russie serait avant tout d’attiser les tensions pour mobiliser les Occidentaux sur ce petit territoire. L’analyste s’interroge enfin sur l’intérêt de la présence renforcée de troupes de l’EUFOR Althea (passées de 600 à 1 100 hommes à la suite de l’invasion de l’Ukraine) en Bosnie-Herzégovine, s’il n’y avait aucun risque sécuritaire. Tout semblerait indiquer qu’un basculement est possible : si le président de RS Milorad Dodik et les nationalistes bosno-serbes tentent effectivement de mettre en œuvre l’indépendance de la République serbe de Bosnie en faisant sécession, cet acte pourrait avoir pour conséquence le déclenchement d’un conflit régional, devenant rapidement national, puis international. L’Occident serait militairement prêt à intervenir, selon D. Janjic, mais toute forme d’intervention et l’envoi de forces ne peuvent résulter que d’une décision politique, donc d’un accord entre grands pays alliés. Or, l’époque est plutôt marquée par des dissensions qui émergent parfois entre Occidentaux, et notamment entre pays membres de l’UE.

Sources : N1, Srpska info, Slobodna Bosna, Oslobodjenje.