Bélarus : face au chaos russe, des opportunités?

Alors que la situation en Russie apparaît de plus en plus confuse depuis le lancement de la mutinerie d’Evguéni Prigojine le 23 juin au soir, l’opposition bélarusse en exil a rapidement réagir : une fenêtre d’opportunité était peut-être en train de s’ouvrir, très momentanément. « Le Bélarus se situe à un carrefour historique », a déclaré l’opposante en exil Sviatlana Tsihanouskaya sur son compte Twitter. « Sur une route, il y a l’Europe, l’indépendance, la prospérité et la démocratie. Sur l’autre, c’est la loi des règlements de comptes entre bandits, le chaos et l’isolement. Nos objectifs sont clairs : victoire pour l’Ukraine et liberté pour le Bélarus. » Propos renforcés par Valery Sakhachtchyk, le responsable Défense de son « gouvernement de transition » qui, le 24 juin au matin, a appelé les Bélarusses à l’unité pour défendre leur liberté et leur indépendance : « Nous avons une chance historique unique. »

Dans la journée du 24 juin, S. Tsihanouskaya a dit s’être adressée aux responsables et militaires bélarusses, les prévenant contre le risque de voir le Bélarus entraîné dans la guerre de la Russie et les appelant à faire en sorte que les troupes russes quittent le territoire du Bélarus ainsi qu’à fermer la frontière, le tout afin de défendre la souveraineté du pays et de protéger la population. Intervention sans grand effet, puisque le Conseil de sécurité du Bélarus a publié dans la soirée une déclaration dans laquelle il précise que le Bélarus reste un allié de la Russie et partage pleinement les buts et les objectifs de l’« opération militaire spéciale », évoquant une mission utile à l’avenir du monde slave.

Pendant ce temps, le président en exercice Aliaksandr Loukachenka, dont certains soupçonnaient qu’il ait quitté le pays le matin même en direction de la Turquie, aurait peut-être joué le rôle d’intermédiaire, poussant E. Prigojine à annoncer en fin de journée sa décision d’interrompre sa marche sur Moscou et de ramener ses troupes dans leurs casernes ; c’est du moins ce qu’a affirmé le service de presse d’A. Loukachenka quelques minutes avant que Wagner n'annonce son demi-tour.

Sources : Compte Twitter de Sviatlana Tsikhanouskaia, Nexta, Charter97, Nezavissimaïa Gazeta.