L’entrée de la Bulgarie dans la zone euro est désormais programmée pour le 1er janvier 2026, après des années d’hésitations et de reports. L’annonce officielle a été saluée à Bruxelles comme l’achèvement logique de l’intégration économique bulgare. À Sofia, l’accueil demeure pourtant profondément contrasté. Une partie des élites politiques et économiques y voit une garantie de stabilité monétaire et un moyen d’ancrer plus étroitement le pays au cœur du marché européen. Le lev est déjà arrimé à l’euro depuis 2020, ce qui nourrit l’idée que la transition serait moins risquée qu’ailleurs.
Les opposants se montrent toutefois de plus en plus bruyants. Les manifestations organisées depuis l’automne ont réuni des milliers de personnes qui expriment leur inquiétude face à une élite jugée déconnectée. La critique porte autant sur la corruption persistante que sur la crainte d’une hausse des prix qui toucherait un pays où les salaires restent les plus bas de l’Union. La perspective d’une perte de souveraineté nourrit également le discours eurosceptique, relayé par plusieurs partis politiques qui cherchent à capitaliser sur le malaise social. Le débat se nourrit en parallèle de lectures économiques divergentes : certains chercheurs défendent l’idée que l’euro renforcerait la discipline budgétaire et l’investissement, d’autres soulignent les risques d’une intégration monétaire incomplète pour une économie fragile.
Le gouvernement tente de temporiser en rappelant que l’adoption de l’euro s’inscrit dans un long processus de convergence et en soulignant que les institutions monétaires estiment que les garde-fous sont suffisants pour éviter des perturbations majeures. La communication officielle peine pourtant à convaincre, tant la défiance envers les autorités demeure forte. Dans un pays où les crises politiques successives ont affaibli les repères collectifs, l’euro devient un révélateur des fractures profondes qui traversent la société bulgare. À mesure que l’échéance approche, la polarisation pourrait encore s’intensifier.
Sources : Evrokom, MediaPool.bg, Dnevnik.