Bulgarie : un échiquier politique toujours aussi divisé

Depuis près de 18 mois, les formations politiques bulgares affichent leurs divisions. Le pays a ainsi été confronté à plusieurs crises politiques qui ont entraîné la convocation d’élections législatives anticipées. Ainsi, le 2 octobre 2022, les électeurs se sont déplacés aux urnes pour la quatrième fois.

À la suite de ce scrutin, le GERB, parti de centre droit de l’ancien Premier ministre Boyko Borissov, est arrivé en tête (25,3 %). Il est suivi par Poursuivons le changement (PP), la formation anti-corruption de Kiril Petkov et Assen Vassilev (20,2 %), elle-même talonnée par le Mouvement des Droits et Libertés (MDL, 13,8 %), qui concentre le vote des minorités nationales. Le parti nationaliste et eurosceptique Vazrazhdane (Renaissance) occupe la quatrième place (10,2 %), dépassant d’une courte tête les socialistes (BSP) qui n’arrivent qu’en cinquième position (9,3 %).

La surprise de ce scrutin n’a pas tant été le retour sur le devant de la scène de la formation de B. Borissov, qui a dirigé le pays de juillet 2009 à mai 2021, que les percées significatives du MDL et de Vazrazhdane. Le premier a réussi à mobiliser la grande majorité des voix de la minorité turque alors que, dans le même temps, beaucoup d’électeurs bulgares déçus par les divisions et l’instabilité politique ne se sont pas déplacés aux urnes. Le report d’une partie des voix soutenant auparavant ITN (le parti du chanteur Slavi Trifonov) vers Vazrazhdane explique pour partie le succès de ce dernier. Son dirigeant, Kostadin Kostadinov, est un des hommes providentiels auprès duquel une partie de l’électorat populaire, en quête de sécurité et de stabilité, cherche à se rassurer.

Les formations ayant reçu le moins de voix sont Bulgarie démocratique (DB, 7,4 %) et Ascension bulgare de l’ancien Premier ministre Stefan Yanev (4,6 %). ITN échoue aux portes du Parlement avec près de 3,9 % des voix, alors qu’il lui en fallait 4 pour s’y faire représenter.

À l’étranger, si les élites intellectuelles ont continué à soutenir PP et DB, la mobilisation de l’électorat populaire pro-russe ou de la minorité russe a favorisé l’émergence de Vazrazhdane et l’excellent score du MDL.

In fine, on retrouvera dans la nouvelle assemblée une myriade de formations politiques peu enclines à coopérer entre elles. Former un gouvernement va donc s’avérer difficile pour B. Borissov, à moins qu’il ne parvienne, en plus de son allié traditionnel le MDL, à rallier à lui Vazrazhdane. Cette option pourrait toutefois signifier la fin de la carrière politique de son leader K. Kostadinov, qui ternirait son image en s’associant à B. Borissov, auquel une partie de son électorat est opposée.

Sources : CIK (commission centrale électorale), Kapital, CIReB.