Des populations roms à la recherche de la bonne fortune hors des frontières

La chance, le destin et la fatalité sont des notions qui bercent le quotidien et la manière de vivre des populations roms originaires d’Europe de l’Est, tant au plan familial qu’en ce qui concerne leur relation aux autres membres de la communauté. Cela explique notamment que certains d’entre eux aiment à tenter leur chance pour saisir diverses opportunités, notamment en partant à l’étranger pour y travailler. On désigne souvent cette expérience, qui concerne plusieurs centaines de milliers de personnes, sous le terme de « gurbet ». Ce comportement concerne aussi bien des familles de tradition nomade que des minorités sédentarisées depuis plusieurs siècles, comme les Roms de Bulgarie.

Si cette expérience migratoire est infructueuse, ne permettant pas de trouver un emploi ou la fortune espérée, cela sera « le destin » qui sera désigné comme fautif : le migrant considèrera qu’il n’aura simplement pas eu de chance et pourra ainsi faire bonne figure auprès des siens, ne pas être considéré comme responsable de son propre échec.

La recherche de cette bonne fortune se traduit également dans l’attrait d’une partie des hommes de la communauté rom pour les jeux de hasard. Confirmant cette pratique, en France, les jeux de grattage sont particulièrement prisés par cette communauté. Connaître le succès au travers du jeu permet de se valoriser auprès des hommes de l’entourage, ainsi que du reste des proches, d’obtenir la considération exprimée à l’égard du « chanceux », de celui que le destin souhaite voir réussir.

Cette affection pour le jeu se confirme dans la localité occitane de Moissac, où la présence de plusieurs centaines de familles bulgares de la communauté rom permet d’observer certaines pratiques. Si quelques buralistes regrettent la vente et la consommation de cigarettes de contrebande, dont quelques ressortissants est-européens sont fréquemment rendus responsables, des professionnels n’hésitent pas à déclarer que la clientèle bulgare soutien régulièrement leur activité par l’achat, parfois abondant, de jeux de grattage de la Française des Jeux. Cette pratique a donc localement un aspect positif pour ces commerces. Il semble en effet que, sans ces ventes, une partie de ces commerces seraient en situation délicate, voire auraient mis la clé sous la porte.

Sources : entretien avec des membres de la communauté rom bulgare expatriée et des buralistes tarn-et-garonnais.