Kazakhstan : des élections illusoires

Des élections législatives et locales se sont tenues au Kazakhstan le 10 janvier 2021. Douze millions d’électeurs étaient invités à élire 98 députés du Majilis (la chambre basse du Parlement), ainsi que les membres des Maslikhats (conseils municipaux et régionaux).

Seuls cinq partis, tous favorables au pouvoir de l’ex-président Noursoultan Nazarbaïev, étaient en lice. Le Parti social-démocrate national (OSDP), seule formation légalement enregistrée critiquant ouvertement le régime en place, avait choisi de boycotter le scrutin. La campagne a été particulièrement atone et ces élections ont été décrites par plusieurs observateurs comme les moins concurrentielles de l’histoire du pays, malgré les promesses de réformes et d’ouverture politique portées par le président Kassym-Jomart Tokaïev, élu en juin 2019.

Sans surprise, le parti Nour-Otan, dirigé par N. Nazarbaïev, a largement remporté le scrutin avec 71 % des voix. La fille ainée de l’ex-Président, Dariga Nazarbaïeva, a été élue députée. Seules les deux formations constituant déjà l’opposition parlementaire au sein du Majilis, le parti de tendance libérale Ak Jol et l’ex-Parti communiste rebaptisé pour l’occasion Parti populaire du Kazakhstan, ont réussi à passer le seuil de 7 % des voix requis afin d’être représentés.

Les résultats de l’élection des Maslikhats sont sensiblement similaires du fait de l’interdiction des candidats indépendants et de la mise en place d’un nouveau système électoral de liste à l’échelle locale.

Le taux de participation (63 %), bien plus faible qu’en 2016 (77 %), constitue néanmoins un revers pour le pouvoir en place, d’autant plus que l’abstention a été massive à Almaty, la capitale économique du pays (seulement 30,3 % de participation), ainsi que dans la capitale administrative Nour-Soultan (45,1 %). Ceci témoigne du large désintérêt vis-à-vis d’un scrutin sans enjeu, mais aussi de la montée de l’opposition au sein d’une frange de la population urbaine. Ces résultats signent également l’échec de la stratégie du principal opposant en exil, Moukhtar Abliazov, lequel avait appelé ses partisans à voter contre le parti Nour-Otan, en suivant la stratégie de « vote utile » adoptée par Alexeï Navalny en Russie.

Si les observateurs de la CEI ou de l’Organisation de coopération de Shanghai se félicitent de la bonne organisation du scrutin, la mission d’observation de l’OSCE, elle, a souligné son manque de transparence. Les droits des observateurs indépendants ont en effet été sévèrement restreints tandis que la police a arrêté (puis relâché en fin de journée) un grand nombre des quelques centaines d’opposants qui s’étaient réunis dans les deux principales villes du pays. Des coupures d’internet ont aussi été signalées à Almaty.

Le Majilis se réunira pour sa première session législative le 15 janvier. Le Président Tokaïev a annoncé qu’il s’exprimera à cette occasion devant les nouveaux élus et proposera une série de réformes politiques.

Sources : Tengri News, Vlast.kz, Radio Azattyq, TASS.