Depuis près d’une décennie et dans plusieurs pays européens d’immigration, des familles appartenant aux deux principales minorités nationales bulgares, les Turcs et les Roms, ont souvent été désignées comme responsables de nuisances dans les quartiers où elles se logent.
Le Centre d’Informations et de Recherches sur les Balkans (CIREB) a récemment mené une enquête auprès de huit bailleurs privés accueillant des locataires de nationalité bulgare répartis dans 43 logements implantés dans sept communes de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne, entre janvier 2020 et juillet 2021. L'objectif du sondage était de recueillir l'expérience présente et passée des logeurs avec ces locataires tant décriés. L’étude a porté sur 23 familles de la minorité turque bulgare (provenant d’Aleko Konstantinovo – district de Pazardjik) et 20 autres appartenant à la communauté rom originaires des communes de Septemvri et Pazardjik. Les lieux de vie étudiés ont hébergé plus de 220 Bulgares (pour les saisonniers – seulement 10 mois par an dans le cadre de contrats saisonniers).
L’étude a permis de découvrir que, à la différence du regard posé sur ces migrants économiques par nombre de leurs concitoyens, les bailleurs avaient une image très positive de ces locataires et entretenaient avec eux une relation empreinte de respect. Ils s'en font facilement les avocats en précisant qu'il s'agit de personnes très polies, accueillantes, sympathiques et « de bonne composition ». Ces familles sont décrites comme étant d'« une grande propreté » et entretenant avec beaucoup de soin leur lieu de vie. Ainsi, plusieurs d'entre elles n'hésitent pas à repeindre entièrement chaque année l'appartement qu'elles occupent. Ces témoignages sont confirmés par une directrice d’agence immobilière ayant placé auprès de bailleurs privés tarn-et-garonnais près d'une cinquantaine de familles de la minorité rom bulgare. Si quelques nuisances sonores sont parfois rapportées aux propriétaires par des voisins mécontents, il semble que la situation rentre rapidement dans l'ordre après un simple rappel des règles de courtoisie.
Malgré ces échos favorables, certains propriétaires ne cachent pas qu'ils subissent des pressions de la part d'une partie du voisinage, hostile à la présence de ces familles dont il ne comprend ni la langue, ni les mœurs : et, ainsi, de plus en plus de bailleurs tarn-et-garonnais se montreraient même réticents à l'idée de louer leurs biens à des ressortissants bulgares parce qu’ils souhaitent maintenir de bonnes relations avec les riverains.
Sources : CIReB, entretiens avec la direction d'une agence immobilière et plusieurs propriétaires de locataires bulgares.