Les patelins du Bélarus : délabrement ou redémarrage?

On s’imagine que d’anciens villages sont en train de périr au Bélarus. Mais est-ce vraiment le cas ? En mai 2014, j’ai fait halte à Lysaïa Slabada (en russe Lysaïa Sloboda), un petit hameau du district de Horki (voblasts de Mahilioù), peuplé de 20 habitants, et jeté un œil derrière les palissades.


Belarusian backwoods: Deterioration or reboot? 
Old villages are believed to perish in Belarus. But are they really? In May 2014 I stopped by a small hamlet, Lysaya Sloboda in Goretski district (Mogilev oblast’), populated by 20 people, and looked beyond tilted fences.

1. Pas de magasin ici, donc les villageois achètent les biens de consommation du quotidien à un camion-boutique qui vient deux fois par semaine. Parfois il livre des denrées périmées, provoquant des intoxications alimentaires parmi les locaux qui –s’ils survivent– s'en plaignent ensuite auprès du directeur du kolkhoze. Mais continuent d’acheter de la nourriture au camion-boutique.
There is no shop here, so villagers buy daily consumer goods from a sales van that comes twice a week. Sometimes expired stuff is delivered, causing food poisoning among locals who –if they survive– later complain to the kolkhoz chairman. But continue buying food from the sales van.

2. Marfon, 80 ans, envoyé au Kazakhstan dans les années soixante comme machiniste, est connu comme l’homme en meilleure santé du village. Son élixir de jouvence? Il ne mange pas de viande et passe ses journées à cueillir des champignons dans les forêts du coin, ou à fumer du tabac roulé dans du papier journal pendant que sa progéniture regarde la télévision satellite.
80-year-old Marfon used to be commissioned as a machine operator in Kazakhstan in 1960s and is now known as the healthiest man in the village. His youth elixir? He doesn’t eat meat and spends his days gathering mushrooms in local forests, or smoking tobacco rolled in newspaper while his descendants watch satellite TV.

3. Une jeune mère qui ne s’embête plus avec une poussette car ses enfants font rouler leur propre petite voiture électrique sur la route construite après qu’une vieille dame ait écrit une lettre au président bélarusse en personne, il y a 10 ans, amorçant ainsi la renaissance du village.
A young mother no longer bothers to push a stroll since her kids run their own small electric car along the road that was built after an old lady had written a personal letter to the Belarusian President, 10 years ago, thereby starting the revival of the village.

4. Igor est de cette nouvelle génération de fermiers qui possède deux chevaux, quelques douzaines d’oies et de poulets, des cochons et un grand champ d’orge. Il prévoit d’acheter un lave-linge automatique cette année.
Igor is a new generation farmer who owns two horses, few dozen geese and chicken, couple of pigs and a big barley field. He plans to buy a new automatic washing machine this year.

5. Le puits à poulie au bord de la route principale est l’endroit préféré des villageois pour se tenir au courant des derniers potins.
The draw well besides the main road is still a favourite spot for villagers to update each other on the latest rumours.

6. Olga est la doyenne du village. Son fils, officier de marine, est mort tragiquement à l’époque où le nombre d’habitants du village dépassait encore la centaine et celui des vaches atteignait la trentaine. Désormais sa maisonnée se limite à un potager où elle fait pousser de la nourriture bio pour elle-même et ses enfants et petits-enfants qui viennent de Saint-Pétersbourg lui rendre visite.
Olga is the oldest villager. Her son, a navy officer, tragically died back when the population of the village was over a hundred people and their cowherd counted up to 30 head. Now her household has shrank to a vegie garden where she grows organic food for herself and her kids and grandkids coming to visit her from St. Petersburg. 

7. Pour célébrer Radaùnitsa, la fête orthodoxe des morts, les villageois et leurs proches venus de la ville festoient sur les tombes de leurs ancêtres, se saoulent et discutent des affaires de famille, de leurs souvenirs d’enfance et, bien sûr, de pêche.
To celebrate Radonitsa, the orthodox day of the dead, villagers and their relatives from towns have feasts on ancestors’ graves getting drunk and talking to one another about family business, childhood memories and –of course– fishing. 

Traduction de l'anglais : Anaïs Marin
Lien vers la traduction en bélarussien.

Vignette: Maria & Viktor.

* Anthropologue et photographe qui partage sa vie entre le Vietnam, le Bélarus et la Russie / Anthropologist and photographer sharing his life between Vietnam, Belarus and Russia.
Cf. www.flickr.com/photos/75976051@N08/