Moldavie : dans la tourmente des désaccords gaziers entre Russie et Ukraine

Alors que les gazoducs Nord Stream 1 et 2 sont hors d’usage pour un temps indéterminé (voire définitivement), la Russie est simultanément en conflit avec l’Ukraine au sujet du gaz qui transite à destination de l’Europe de l’Ouest : Kiev et Moscou mutuellement s’accusent de non-respect des engagements contractuels, le premier reprochant au second de ne pas s’acquitter des paiements dus au titre du transit, le second dénonçant la fermeture par le premier d’un des points d’accès (dans le Donbass) à son territoire, invoquant un cas de force majeure (la guerre).

Située à l'un des points de sortie de ce gaz à l’Ouest, la Moldavie a vu baisser au cours des dernières semaines les fournitures de gaz russe qui l’alimentent : Gazprom accuse la partie ukrainienne d’avoir en effet réduit de 30 % les livraisons au pays voisin du fait de ce refus de voir du gaz entrer en Ukraine par l’un des territoires objet des combats et occupé par la Russie. Selon la compagnie russe, la Moldavie aurait reçu en octobre 5,7 millions de m3 de gaz par jour, au lieu des 8,06 millions de m3 prévus. Dans le même temps, Gazprom reproche également à la Moldavie de « violer régulièrement les dispositions du contrat en termes de délai de paiement pour le gaz fourni ». Ajouté à la dette accumulée par Chisinau à l’égard de Gazprom, ce retard de paiement justifierait que la compagnie russe se réserve le droit de résilier le contrat qui la lie à la Moldavie.

Le ministre moldave des Infrastructures et du Développement régional Andrei Spînu rappelle, quant à lui, que le contrat actuel qui lie Moldovagaz à Gazprom, signé pour cinq ans, prévoit des sanctions en cas de non-respect des clauses de livraison. Il note également qu’en octobre la Moldavie devait payer son gaz 40 % moins cher qu’en septembre.

Le 1eroctobre, la ministre allemande de la Défense Christine Lambrecht, en visite en Moldavie, a déclaré que Berlin était prêt à soutenir Chisinau en lui fournissant notamment des drones et autres équipements militaires, mais aussi en tenant compte de l’impact de la guerre en Ukraine sur sa situation énergétique.

Depuis le mois de septembre, des manifestations sont régulièrement organisées à Chisinau pour demander la démission de la présidente Maia Sandu et dénoncer la hausse des prix, dont celle du gaz. Pourtant, A. Spînu estime que, pour le moment, les tarifs du gaz pour les consommateurs devraient rester inchangés. Se voulant rassurant, il affirme que le volume de gaz livré est suffisant pour les semaines à venir et rappelle que la Moldavie a stocké plus de 50 millions de m3 de gaz dans les infrastructures de Roumanie et d’Ukraine.

Sources : NewsMaker.md, trm.md, RFE/RL.