Ouzbékistan : les écolières autorisées à porter le voile

Les autorités ouzbèkes viennent d’annoncer que, désormais, les écolières pourraient porter le voile islamique, à l’issue d’un débat qui constitue un véritable virage en matière de règles séculaires dans ce pays.

Le ministre de l’Éducation Cherzod Chermatov a procédé à cette annonce le 3 septembre, au cours d’un échange avec les chefs de département de l’éducation dans les régions : « Compte tenu de nos valeurs nationales, les jeunes filles seront, à titre exceptionnel, autorisées à porter à l’école des foulards en tissu blanc ou de couleur claire et des toubiteïkas », a déclaré le ministre.

Cette décision a été justifiée par le fait que les autorités avaient reçu de nombreuses pétitions émanant de parents à ce sujet. Il s’agit ainsi de lutter contre l’absentéisme de certaines jeunes filles, que leurs parents retiennent à la maison pour motif religieux.

Les foulards présentés par le ministre laissent penser que les écolières ne pourront pas porter de hijab qui, lui, couvre le menton. En revanche, rien n’a été précisé concernant l’âge des jeunes filles concernées par la nouvelle mesure.

Afin d’éviter tout soupçon d’islamisation furtive du pays, C. Chermatov a précisé que malgré cette concession, l’Ouzbékistan restait un État laïque. « L’éducation et la religion sont séparées l’une de l’autre », a-t-il ajouté.

On peut néanmoins parler d’un tournant. Il a été rendu possible par un ensemble de mesures adoptées au cours des dernières années. La plus récente, adoptée en juillet par le président Chavkat Mirziyoev, concerne la nouvelle loi sur la religion : celle-ci a notamment supprimé une disposition qui interdisait à toute personne non enregistrée en tant que religieux de se présenter en public en portant des vêtements religieux. En début d’année, l’Ouzbékistan avait déjà modifié sa loi sur la liberté de conscience, autorisant ainsi les femmes à porter le hijab dans les lieux publics, à l’exclusion des bâtiments abritant des institutions publiques, dont les écoles donc. Après la mort du président Islam Karimov, l’interdiction pour les enfants de fréquenter les mosquées et celle d’utiliser des haut-parleurs pour l’appel à la prière avaient été levées.

Plus spécifiquement, la question de l’uniforme imposé dans les écoles agite la société depuis 2018, lorsque le gouvernement avait précisément décrit, photos à l’appui, le code vestimentaire requis pour les enfants. Certains avaient critiqué le fait que les vêtements, laïques, étaient très européens. Les jeunes filles doivent ainsi porter des jupes jusqu’aux genoux et aucun couvre-chef n’était alors autorisé.

 

Sources : Eurasianet, Gazeta.uz, Nuz.uz.