Stanislaw Zaryn, Secrétaire d’État à la chancellerie du Premier ministre polonais et coordinateur adjoint des services spéciaux, en charge de la sécurité de l’espace informationnel, a déclaré le 10 juin sur Twitter que la Russie tentait d’influencer l’opinion en diffusant des informations sur l’implication de la Pologne et/ou de l’Ukraine dans l’explosion, le 26 septembre 2022, des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Pour lui, cette stratégie du Kremlin vise à tordre la réalité mais également à diviser la Pologne et l’Ukraine.
Cette déclaration est intervenue le même jour que la publication par le Wall Street Journal d’un rapport faisant état de l’enquête menée par l’Allemagne et incriminant potentiellement la Pologne et l’Ukraine. L’enquête citée par le Wall Street Journal suggérerait qu’une équipe a pris la Pologne comme base opérationnelle d’un yacht de plaisance de 15m, l’Andromède, appartenant à une société ukrainienne sise en Pologne. Le navire serait soupçonné d’être impliqué dans le sabotage des tubes. Selon cette hypothèse, l’équipe du navire aurait placé des explosifs sur le Nord Stream 1 avant de faire route vers la Pologne. Les services allemands soupçonneraient la présence sur le yacht d’au moins un soldat ukrainien. Les informations concernant le yacht, largement diffusées par les médias allemands dès mars 2023, ont braqué les projecteurs vers Kyiv et Varsovie. Toujours selon le Washington Post, les États-Unis auraient eu connaissance d’un plan ukrainien d’attaque des tubes trois mois avant leur sabotage.
Si tous convergent pour dire que la destruction des tubes n’a rien de spontané, depuis leur explosion, tant Moscou que Kyiv, Varsovie ou Washington nient être impliqués dans le sabotage. Pour l’Union européenne notamment, la sophistication des explosions indique que seul un acteur étatique ayant accès à des détonateurs et à du matériel de plongée élaboré a pu procéder à ces actions. La Suède et le Danemark poursuivent leurs enquêtes, les explosions étant intervenues dans les limites de leurs zones économiques exclusives respectives.
Contredisant les arguments du Wall Street Journal, un rapport publié le 3 mai par un groupe d’organes de presse nordiques a avancé que des navires russes s’étaient rendus avant le drame à proximité des lieux d’explosion des tubes. Il s’agissait d’un navire de recherche, le Sibiriakov, d’un remorqueur et d’un bâtiment de la Marine russe, tous ayant éteint leurs émetteurs. Le remorqueur, en particulier, serait arrivé sur zone le 21 septembre et y serait resté une nuit entière, avant de regagner les côtes russes.
Sources : RFE/RL, The Wall Street Journal, Politico, Reuters.