Pologne : les doutes du Président Duda quant au devenir de la Crimée

Lors d’une interview accordée le 2 février à la chaîne Youtube Kanal Zero le président polonais Andrzej Duda, interrogé sur l’évolution de la guerre en Ukraine, a rappelé que si la Russie conservait les territoires qu’elle occupe actuellement, cela équivaudrait à une victoire pour elle. Dès lors, la probabilité d’une nouvelle attaque serait très élevée. Concernant la Crimée, le Président s’est en revanche fait plus prudent : « Je ne sais pas si l’Ukraine récupérera la Crimée mais je pense qu’elle reprendra Donetsk et Louhansk. » Selon lui, la Crimée est un « lieu spécial, y compris pour des raisons historiques. Si on regarde l’histoire, elle est aux mains des Russes depuis longtemps. »

Cette déclaration du Président réputé proche du parti PiS a immédiatement été recadrée par l’ambassadeur d’Ukraine à Varsovie, Vassyl Zvarych, qui a noté que la désoccupation de la Crimée était un devoir, partagé avec le monde libre, et que la Russie serait punie pour cette occupation qui relevait d’une violation du droit international. Et de tweeter : « La Crimée est l’Ukraine, elle l’est et le restera. »

Cet écart du Président a forcé le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, membre de la nouvelle coalition au pouvoir, à rappeler que la Pologne soutenait l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.

Les réactions nombreuses suite à l’expression des doutes du Président ont conduit ce dernier à se justifier, le 3 février sur X : « Mes actes et ma position sur l’agression brutale de la Russie contre l’Ukraine ont été claires dès le premier jour : la Russie viole le droit international, est un agresseur et un occupant. »

Pour Roman Giertych, membre de la Plateforme civique, le commentaire d’A. Duda est simplement stupide : « Je voudrais rappeler à M. Duda qu'il y a des villes dans notre pays qui, dans leur histoire, ont appartenu à la Pologne moins longtemps qu'à un autre pays », a-t-il ironisé.

Cet incident peut étonner, alors que le président Duda s’était jusqu’alors positionné sans ambiguïté, faisant de la restauration de l’intégrité totale de l’Ukraine une condition indispensable à la sécurité des régions de la mer d’Azov et de la mer Noire, ainsi que de la stabilité de l’architecture mondiale de sécurité.

Sources : The Kyiv Independent, Censor.net, Ukrainska Pravda.