République tchèque : la coopération nucléaire franco-tchèque avance en dépit des tensions

Le 27 mai 2025, réunis à l’Ambassade de France à Prague, les représentants de l’Agence nationale de la recherche et de l’Agence technologique de République tchèque ont lancé trois projets communs dans la recherche et l’innovation nucléaires.

Un protocole d’entente dans ce domaine avait été signé en 2023, visant à développer de nouveaux produits, services et solutions technologiques pour ce secteur. Framatome a aussi signé un contrat avec l’Institut tchèque de recherche nucléaire (ÚJV) concernant l’utilisation du réacteur de recherche d’ÚJV à Řež, près de Prague.

« Le projet EVANS souligne le besoin d’une R&D commune utilisant des infrastructures de recherche uniques comme le réacteur LR-0 pour améliorer la sureté nucléaire. […] Nous sommes satisfaits de nos liens de long terme avec l’agence française, de la bonne position et des contacts interpersonnels que nous avons bâtis ensemble. Nous sommes prêts à aller encore plus loin et continuer de développer de nouvelles technologies », a dit le président d’ÚJV Martin Ruščák.

Ce projet pensé sur une période allant de 2025 à 2027, d’un budget total de 1,2 M€, se concentre sur la vérification expérimentale des schémas de calculs des neutrons visant à améliorer la sécurité et la performance des réacteurs à eau légère, dont les EPR d’EDF et les VVER de manufacture soviétique encore en usage en Europe centrale. Il vise à améliorer la sûreté, la fiabilité et l’efficacité économique de l’énergie nucléaire.

Les deux autres projets communs sont CoriumSURF et NETFLUX, visant respectivement à étudier la stabilisation en dehors de la cuve du réacteur en cas d’accident et à éclairer l’influence du flux de neutrons sur les parties en béton des cuves du réacteur.

Cet approfondissement de la coopération intervient dans un contexte tendu entre la France et la République tchèque concernant l’électronucléaire. Le 7 mai 2025, un contrat estimé à 16 Mds€ devait être signé avec le groupe sud-coréen KHNP concernant la construction de deux réacteurs pour la centrale de Dukovany. Suite aux réclamations d’EDF, une décision du tribunal de Brno, prise la veille alors que la délégation coréenne était déjà sur place, a bloqué la signature. Plusieurs procédures sont en cours depuis 2024, tant au niveau tchèque qu’européen, à l’initiative de la France et d’EDF qui affirment que des aides publiques sud-coréennes ont faussé la concurrence.

Sources : Radio Prague International, iDNES, Nuclear Engineering International.