À l’initiative de la ministre de la Défense Jana Černochová (ODS, droite), la Chambre des députés de République tchèque a tenu un débat à huis clos sur les capacités de défense et la stratégie militaire du pays, le 26 mars 2025. Le Chef d’État-major des armées, Karel Řehka, y a partagé des informations classifiées en présence du président de la République Petr Pavel (lui-même Chef d’État-major des armées de 2012 à 2015), ce qui justifiait le huis clos.
Les partis d’opposition ANO (populiste) et SPD (extrême-droite) ont choisi de boycotter la session et ont convoqué une séance extraordinaire sur le même sujet, cette fois en présence des médias. En réactions, les membres de la coalition gouvernementale ont accusé l’opposition de vouloir tourner les débats en spectacle : « Ce n’est pas Čau lidi [émission de l’ANO sur les réseaux sociaux] », a dénoncé le vice-Premier ministre Vít Rakušan (STAN, centre droit) sur X.
Le secrétaire du Comité de défense de la Chambre des députés Pavel Žáček (ODS) parle plutôt d’une décision irresponsable : « S’ils refusent de parler de la défense nationale de cette manière, je ne sais pas ce qu’ils veulent. Je ne sais pas aussi comment ils aborderont la défense de manière qualifiée. Cela nous montre qu’ils veulent faire un spectacle politique ».
Alena Schillerová (présidente des députés d’ANO) a proposé que seul le discours du Chef d’État-major des armées soit à huis clos et Andrej Babiš (chef d’ANO) interprète l’invitation de K. Řehka par J. Černochová comme un prétexte pour tenir les débats à huis clos visant à bâillonner l’opposition : « Ne soyez pas surpris que je parle d’éléments d’un nouveau totalitarisme. » Or, selon Jakub Michálek du Parti pirates (centre gauche), lui aussi opposé à la réunion à huis clos mais qui y a néanmoins assisté, « aucune information très secrète majeure n’a été révélée ici », suggérant une manœuvre visant à éviter une confrontation sur le sujet de la défense.
Selon le Premier ministre Petr Fiala (ODS), les dirigeants des cinq partis parlementaires présents à la réunion se sont accordés sur la nécessité de renforcer le pilier européen de l’OTAN tout en réitérant l’importance de la coopération avec les États-Unis. « La Russie ne s’arrêtera pas, nous avons 4 à 6 ans », a conclu P. Fiala.
Le gouvernement souhaite augmenter les dépenses de défense jusqu’à 3 % du PIB d’ici 2030. L’ANO ne s’y oppose pas mais réclame plus de transparence sur l’usage des fonds par le ministère de la Défense. La réunion appelée par l’ANO s’est concentrée sur les concepts stratégiques de l’armée dans un contexte de désaccord croissant concernant la politique de défense et d’érosion du soutien public à l’Ukraine. L’ANO et le SPD avaient, en outre, refusé de soutenir la résolution sur la menace russe l’année dernière.
Sources : Lidovky, Radio Prague international, Forum 24