Depuis l’invasion d’ampleur de l’Ukraine par la Russie en février 2022, des milliers de soldats issus des trois brigades russes basées au-delà du Cercle polaire arctique ont été mis hors d’état de combattre (tués ou blessés) en Ukraine. Ces trois brigades russes les plus septentrionales sont la 200e brigade de fusiliers motorisés, la 60e brigade d’infanterie de marine et la 80e brigade d’infanterie motorisée. Les deux premières sont déployées dans le district de Petchenga, à quelques kilomètres de la frontière avec la Norvège, tandis que la troisième est installée à Alakurtti, à proximité de la Laponie finlandaise.
Moscou aurait l’intention de combler ce manque en ressources humaines dans une région jugée stratégique (surtout depuis les adhésions de la Finlande puis de la Suède, en 2023 et 2024, à l’OTAN). Il aurait donc été décidé d’augmenter à long terme les effectifs à proximité des frontières de ces deux pays. Le district militaire de Leningrad devrait donc voir ses effectifs augmenter, notamment dans la région de Kola et en Carélie.
Dans son rapport semestriel publié récemment (Finnish Military Intelligence Review 2025), le service de Renseignement militaire finlandais met donc en garde contre la perspective de cette menace : au cours des prochaines années, 350 000 hommes pourraient venir gonfler les effectifs des Forces armées russes (selon les vœux du Kremlin), dont 50 000 seraient affectés dans le district militaire de Leningrad, ce qui ferait passer en quelques années ses effectifs de 30 000 hommes actuellement à 80 000. Dans la région de Kola (oblast de Mourmansk), le 14e corps d’armée de la Flotte du Nord serait transformé en armée à part entière et un nouveau corps d’armée serait créé en Carélie, avec transformation de plusieurs brigades en divisions.
Un tel apport ne serait envisageable que lorsque les opérations militaires en Ukraine seront interrompues, les nouvelles recrues étant actuellement assez rapidement dirigées vers le front.
Sources : Finnish Defence Forces, Barents Observer.