Russie : V. Poutine veut ‘décarboner’ l’Europe avec le GNL arctique

Nouveau protégé du Président russe, Novatek vient de se voir porter aux nues par Vladimir Poutine qui a déclaré, lors d’un échange le 17 mai, que le gaz naturel liquéfié (GNL) était un « carburant vert » et qu’il réitérait son soutien aux projets d’expansion de l’entreprise privée en Europe.

Le Directeur général de Novatek, Leonid Mikhelson, a ses entrées au Kremlin et, depuis quelques années, son entreprise accumule les licences à travers le pays, notamment dans les zones peu accessibles de l’Arctique, ce qui lui a permis de développer plusieurs projets d’ampleur. Parmi eux, on peut citer Iamal-LNG, dont la capacité serait déjà supérieure de 14 % à sa capacité initiale (production de 50 millions de tonnes en 2020). La première phase du projet Arctic LNG-2 devrait être lancée d’ici 2023. D’après L. Mikhelson, le projet est même en avance (la 3e phase, initialement envisagée pour 2026, pourrait être achevée dès 2025).

Novatek compte désormais pour 5 % de la production mondiale de GNL, situant le pays parmi les 5 grands producteurs alors que la Russie a démarré avec un certain retard sur ses concurrents. En 2035, la Russie espère devenir leader en la matière, avec 140 millions de tonnes annuelles. Actuellement, Novatek exporterait environ 2 000 tonnes de GNL par mois et l’entreprise détient déjà quelques dizaines de stations situées notamment en Allemagne et en Pologne. Ses ambitions ne s’arrêtent pas là, le tout accompagné d’un discours bien rôdé sur la neutralité carbone de ces stations de regazification.

Le Président russe s’en est félicité, notant que tout cela correspondait parfaitement aux ambitions européennes de décarbonation.

Novatek s’intéresse évidemment aussi au marché intérieur, notamment en matière de gaz de pétrole liquéfié et de gaz comprimé. Le constructeur de camions KAMAZ se serait ainsi lancé dans la construction de moteurs et de véhicules capables de fonctionner avec des carburants liquéfiés.

Côté européen, on semble un peu plus circonspect : le GNL reste perçu comme permettant d’accélérer la sortie du charbon mais il n’est plus une panacée, alors que l’Union européenne, à travers son « Pacte vert » entend rendre son espace climatiquement neutre d’ici 2050. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) partage cette vision dans son tout dernier rapport qui ambitionne une transformation « sans précédent », d’ici 2050, de la façon dont l’énergie sera produite, transportée et consommée à travers le monde.

Sources : The Barents Observer, Kremlin.ru, iea.org.