Depuis l’invasion d’ampleur de l’Ukraine par la Russie, le pont de Kertch, qui relie la péninsule occupée de Crimée à la Russie continentale, a été l’objet de plusieurs attaques qui l’ont endommagé. Les autorités ukrainiennes rappellent régulièrement leur intention de détruire l’ouvrage qui fait désormais l’objet de fermetures régulières et inopinées, entravant le trafic routier et ferroviaire.
L’inquiétude de la Russie serait telle que, selon The Independent, la Russie aurait cessé de faire transiter par la voie de chemin de fer installée sur le pont les convois assurant l’approvisionnement des troupes qui occupent depuis 2014 la péninsule de Crimée et depuis 2022 le sud de l’Ukraine. Pour étayer ses affirmations, le journal britannique se base sur des images satellites fournies par Maxar et sur les analyses de la grande agence de renseignement privée Molfar. Selon ces informations, depuis trois mois, la ligne ferroviaire ne contribuerait quasiment plus au transit de convois militaires. Seul un train, composé de 55 wagons-citernes, aurait été repéré traversant le pont, le 29 février. Et il n’y aurait pas eu de mouvements impliquant des forces militaires russes sur le pont en mars et avril. Plus généralement, l’utilisation du pont par la Russie aurait été considérablement réduite depuis l’attaque du 17 juillet 2023, lorsque l’Ukraine a endommagé une partie de la voie routière et de la ligne ferroviaire grâce à des drones de surface, sans fragiliser toutefois les piles du pont.
Pour compenser, la Russie utiliserait désormais la voie terrestre traversant les territoires ukrainiens occupés pour éviter le pont. Autant dire, selon le média, que le pont ne représenterait plus une cible militaire d’intérêt.
L’expert allemand Andreas Umland, interrogé par le Kyiv Post, estime quant à lui que les missiles américains ATACMS dont dispose désormais l’Ukraine pourraient atteindre le pont mais que la demande insistante des Ukrainiens pour que l’Allemagne leur livre des Taurus attesterait de leur évaluation en termes d’impact sur le pont : seuls ces missiles pourraient détruire le pont ou le mettre véritablement hors d’usage. Selon lui, même si le trafic militaire sur le pont a baissé au cours des derniers mois, la protection militaire de l’infrastructure assurée par la Russie révèle combien Moscou est attaché à cet ouvrage qui porte également une forte valeur symbolique.
Sources : The Independent, The Kyiv Post, lrt.lt.
