Karol Nawrocki doit prendre les fonctions de président de la République de Pologne le 6 août 2025. Or, des doutes subsistent encore quant à la validité du scrutin. La Commission d’enquête formée fin-juin pour adresser les irrégularités a rendu son verdict.
L’inspection, basée sur un modèle statistique développé par les professeurs Jacek Haman de l’université de Varsovie et Andrzej Torój de l’École des hautes études commerciales de Varsovie, a isolé 250 bureaux de votes à vérifier. Dans 166 d’entre eux, les résultats étaient identiques à ceux indiqués.
Pour les 84 bureaux restants, 42 ont attribué à K. Nawrocki des suffrages exprimés en faveur de Rafał Trzaskowski, et inversement pour 34 bureaux. Dans 16 de ces bureaux, tous les votes ont été assignés au candidat opposé. Dans les 8 autres bureaux, les anomalies sont limitées à l’invalidation injustifiée de bulletins de vote.
Ainsi, K. Nawrocki aurait reçu 1 538 votes par erreur et R. Trzaskowski en aurait perdu 1 541. Pour contester la victoire de K. Nawrocki, il faudrait au moins 186 000 voix attribuées par erreur.
« Les maths montrent que cette différence ne changerait pas les résultats des élections », a dit Przemysław Nowak, porte-parole du Bureau national du procureur en charge du recomptage des votes. Il a aussi indiqué que cela n’invaliderait pas l’élection, déjà confirmée par la Cour suprême composée de « néo-juges » non reconnus par l’Union européenne et le gouvernement polonais.
D’autres modèles de vérification auraient pu être préférés à celui de J. Haman et A. Torój, comme celui du docteur Krzysztof Kontek, favorisé initialement par le ministre de la Justice Adam Bodnar. Cela aurait donné lieu au recomptage de 1 472 bureaux, au lieu de 250. K. Kontek tempère les assertions de P. Nowak en soulignant que 33,6 % des bureaux surveillés contenaient des erreurs, une proportion non-négligeable. Il relève aussi que le modèle retenu est défini selon un seuil plus élevé que celui généralement utilisé en statistiques, que les irrégularités sont très prononcées en faveur de K. Nawrocki, que les bureaux choisis étaient au bas de sa propre liste et que leur impact en nombre de votes serait de ce fait minimal. Difficile de tirer des conclusions d’un tel échantillon.
Sources : Gazeta Wyborcza, Notes from Poland.